VILLA LANVER
La série interroge notre représentation du monde où nous nous voyons toujours comme sur une terre plate où tout le monde est droit debout à la même verticale alors qu’une personne en France et une personne en Australie sont l’une par rapport à l’autre tête bêche avec un monde entre les deux. Nous sommes comme aimantés à la Terre, graves et pesants, un peu de légèreté ne fait pas de mal.
Je ne partage de loin pas toutes les revendications des agriculteurs mais je suis d’accord sur un point, leur idée de retourner les panneaux d’entrée des villages était géniale. J’ai eu l’idée de les remettre à l’endroit, en retournant l’image, renforçant l’idée d’un monde sens dessus dessous. Dès lors que l’écriture est à l’endroit notre esprit veut croire que les choses sont dans le bon sens et lutte contre l’évidence, le paysage ordinaire est transfiguré.
C’est aussi une réflexion sur la photographie elle-même. Les premiers photographes voyaient dans leur viseur une image inversée. L’image inversée sur la pellicule par la lentille (comme sur notre rétine) est généralement remise à l’endroit d’un geste tout naturel. Mais qu’en est-il quand deux forces contraires se disputent le « bon sens »? Quand un texte et une image entrent en conflit sur le bon sens d’une vision du monde ? Inspirée au départ par la série « six mètres avant Paris » d’Eustachy Kossakowsky et par la série « Douze fois Brest » de Gauthier Sibillat, la série a pris ses distances et un jeu de travail numérique a petit à petit apporté aux images une ambiguïté délicieuse. La série s’achève en toute logique à Saint Loup de Varennes près de Chalon où j’ai retourné la stèle de 12 tonnes en hommage à Nicéphore Niepce, l’inventeur il y a 202 ans de la Photographie.
Tirages sur papier fine-art. Formats variables.