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Jérémy Page est né en 1975.
Après avoir grandi et fait des études à Strasbourg, il vit et travaille en Bourgogne depuis 2006.
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Le nom Oisiris Jabasse, donné aux travaux est la contraction d’une phrase griffonnée un jour sur un carnet : « L’iris oisive j’avance à basse vitesse ».
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Sculpture
Toute mon activité est liée fondamentalement à la sculpture, socle premier, base essentielle, que ce soit le travail sur peau ou bois brûlé jusqu’à la photographie.
La sculpture en tant que telle a été ma première manière d’aborder l’art. Après plusieurs années à tâtonner infructueusement dans la peinture j’ai fini par comprendre que seul le dessin importait pour moi dans ce travail, quand j’ai découvert la sculpture en 2000* tout est devenu simple, dessin en 3 dimensions, lignes, courbes, plans, surfaces.
Travail des mains qui s’adresse aux mains.
Sculpture de bois, modelage d’argile, exclusivement.
Quand vers 2007 j’ai commencé à passer toutes mes sculptures bois au chalumeau j’ai appelé ça des ombres en 3 dimensions.
Quand à la suite de ça je me suis rendu compte qu’un chalumeau était un instrument de dessin intéressant je suis passé aux sculptures en 2 dimensions.
Le travail restait un travail dans la masse du matériau, en creusant avec la flamme dans la masse du bois, ça demeurait techniquement de la sculpture.
Quand finalement j’ai commencé le travail sur peau vers 2011 c’était là aussi de la sculpture en 2 dimensions même si la 3ème était légèrement palpable.
Là encore travail dans la masse, en creusant.
Après un court passage par la marionnette entre 2013 et 2015 je suis revenu au travail sur peaux dont je n’avais pas épuisé ni le sens, ni toutes les possibilités techniques.
Depuis 2022 je fais exclusivement de la photographie et des vidéos.
La photographie était à la base de mes images en bois brûlé et peaux de vaches, c’est devenu avec le temps un sujet de recherche à part entière, en soi et pour soi.
La plupart des photographies que je fais sont des montages, décuplement de moi-même, superpositions de moments différents dans une même image, juxtapositions de températures de couleurs différentes pour suggérer les espaces intérieurs et extérieurs, etc.
C’est donc un travail de creuser, coller, enlever et ajouter dans une matière virtuelle, façonnée à l’envie.
Qu’on m’accorde ou non qu’il s’agit encore de sculpture ne m’importe pas, c’est ce que je fais aujourd’hui de mes mains de sculpteur.
Les tableaux :
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Leur travail repose sur deux matériaux :, le bois et la peau.
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Le bois sous forme de panneaux de contreplaqué. Les peaux sont des peaux de vaches tannées, vendues comme tapis.
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Ces deux matériaux offrent la possibilité en travaillant dans la masse de faire ressortir des valeurs clairs-obscurs, sépias avec le bois et du noir au blanc avec la peau.
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Ces deux matériaux, issus du vivant sont remplis de sens et portent dans une sorte d’éternité les traces et les signes du vivant qui les a constitués.
Les images sont en étroite relation avec le sens du support lui même.
Qu’est ce que le vivant ? Qu’est ce que la mort ? Qu’est ce qu’une image ?
Quel est le statut d’un objet qui vivait et qui demeure au monde quand le vivant l’a quitté ?
C’est dans un esprit de cabinet de curiosités : fossiles, herbiers, taxidermies, saints-suaires et reliques, vanités et anatomies que se constitue l’iconographie de ce travail.
Étude du vivant, fascination pour la mort..
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Les films :
J’ai commencé un jour à faire des petits films comme une distraction, le besoin d’exprimer des choses importantes à travers ce médium est devenu de plus en plus impérieux.
Mêlé à un besoin de faire de la musique, ou de la non-musique (la question m’est égale), ces petits objets d’images en mouvement et de sons se présentent comme des chansons plastiques, des haïkus visuels et sonores, des poèmes d’images habités de sons.
Les questions du vivant, de la mort et de l’être-en-présence restent les thèmes qui conduisent cette recherche.
Depuis peu s’est introduit l’idée de la fin d’un monde : Le Jardin Dead End.
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*Je tiens à rendre hommage ici à celui qui m’a fait découvrir la sculpture, en février 2000 j’ai rencontré Alain Ligier, artiste, poète et musicien strasbourgeois qui avait initié un projet fou « Après l’ouragan, relever l’esprit d’un arbre », il s’agissait après le désastre de l’ouragan Lothar de rassembler toutes les forces et bonnes volontés disponibles pour redresser sous forme de sculptures tous les arbres tombés du lac de Constance jusqu’à la Bretagne. Je l’ai accompagné quelques années dans ce projet fou dont il ne reste presque rien aujourd’hui. Ça a été mon école, à plus d’un titre.